Des pénuries d'équipement aux récentes annonces de PSS (Peak Season Surcharge) par les compagnies maritimes sur la route Asie-Europe, comment en sommes-nous arrivés là ? Notre expert maritime, Christopher LEROY, revient en détails sur les raisons de cette situation.
2020 sera définitivement une année particulière pour le monde du shipping et en particulier pour le transport conteneurisé. Pour bien comprendre la situation actuelle, il est important de regarder les précédents mois de l’année qui nous amènent à cette situation de marché. Découvrez notre interview de Christopher LEROY, notre expert maritime, qui revient sur les raisons de la situation, ainsi que son article qui explique plus en détail les problèmes soulevés.
UN DÉBUT D'ANNÉE 2020 MOUVEMENTÉ
Le mois de janvier a été challengé au niveau national par des mouvements de grèves importants et l’application de la réglementation de l'OMI 2020 au niveau mondial. L’ensemble des carriers ont maintenu un programme de maîtrise de la capacité avec, sur la période de janvier 2020 et octobre 2020, plus de 500 annulations de navires répertoriées sur l’axe est/ouest : cela représente une augmentation de 162 % sur l’axe nord Europe (source Drewry’s weekly Containership cancelled sailings reports).
DES SCHEDULES MARQUÉS PAR LA PANDÉMIE DU COVID-19
Ces programmes de blank sailing n’ont pas eu d’impact rapide sur le marché notamment avec le timing du nouvel an chinois combiné aux différentes phases de confinement de la pandémie COVID 19. Les annulations ont permis, d’une certaine manière, un maintien entre l’offre et la demande. Les tensions sur le marché du conteneur étaient relativement limitées jusqu’à la fin du mois d’avril, à l’image du marché du transpacifique, où les taux de fret étaient inférieurs de 11 % par rapport à 2019 pour atteindre des niveaux de marché fin octobre 2020 à + 105 % par rapport à l’année précédente.
Dans un premier temps, seul le marché Transpacifique a été affecté par le maintien des suppressions de navires et la reprise de l’activité ; les autres marchés n’ayant pas été directement impactés de prime à bord. Cependant les tensions étaient telles que les armateurs ont commencé à orienter les ressources d'équipements et de capacité sur le marché américain dès l’été. Ce n’est à partir du mois d’août, qu’est arrivé la tension avérée sur la majorité des marchés avec une pénurie d’espace dans un premier temps puis d’équipement dans un second temps. Durant le mois de septembre, l’intervention des autorités chinoises et de la FMC a permis de rajouter de la capacité sur le TP sans pour autant qu’une baisse des taux sur ce trade soit constatée.
La golden week devait permettre de casser un marché mondial tendu et permettre de rentrer dans une période de « slack season », mais c'était sans compter sur une demande toujours forte et une gestion stricte de la capacité au sein des trois alliances majeures.
UN MANQUE D'EQUIPEMENTS
Nous sommes maintenant dans une configuration où l’enjeux du marché et des différents carriers est de replacer le plus rapidement possible les conteneurs vers la zone Asie afin d’être prêt pour les besoins pré nouvel an Chinois. Cette intention se fait ressentir particulièrement sur les marchés exports avec le choix de certains carriers de favoriser le retour des conteneurs vides au bon endroit et ce, au détriment des expéditions des conteneurs plein vers l’Asie dont le retour en équipement disponible est plus aléatoire. Certaines situations de congestion dans les ports australiens, américains ou anglais accentuent le manque d’équipements.
L’acquisition de nouveaux équipements est également une piste utilisée par les armateurs pour répondre au besoin du marché, là aussi les prix d’achat des conteneurs ont presque doublé depuis le début du manque d’équipements. Ce qui n’empêche pas des armements d’annoncer la livraison de près de 50 000 EVP en Asie dans les semaines à venir. Cependant, un retour des équipements sur les lieux de chargement risque de transformer une pénurie d’équipements en manque de capacité. Sachant que certaines compagnies maritimes annoncent un back log hebdomadaire récurrent d’environ 6 000 EVP par semaine et que nous constatons une capacité 10 % inférieure à la demande.
Tous ces éléments ont conduit le marché dans la situation actuelle où le manque d’équipements et de capacité criant pour l’ensemble des compagnies maritimes combiné à une demande soutenue sur le marché conduisent les compagnies maritimes à augmenter les taux de fret de manière conséquente en combinaison avec l’application des PSS, taux premium et autres surcharges de congestion.
ACCÉLÉRATION DES ANNONCES DE PSS À PARTIR DE NOVEMBRE
Nous constatons depuis la semaine 45 une accélération des annonces de PSS en application sur la deuxième moitié de novembre ou début décembre et plus particulièrement sur le marché Asie / Europe. Des PSS atteignant dans certains cas 1 000 USD, si bien que l’indicateur référence des acteurs du marché, le SCFI, à battu pour la deuxième fois consécutive son niveau le plus haut depuis sa création en 2009, les taux FAK dépassant les 5 000 USD sur certaines destinations européennes.
En parallèle de ces éléments, il est important de noter que les cours liés au pétrole ont rarement été aussi favorable au transport, avec une baisse depuis le début de l’année qui a permis d’atteindre un baril à moins de 30 dollars au mois d’avril et qui est aujourd’hui aux alentours des 60 USD, si bien que les compagnies ont même un moment retravaillé les routings de leurs navires pour éviter certains passages comme Suez ou Panama afin d’éviter des coûts majeurs dans leurs rotations au détriment du délai.
UNE BAISSE DE LA FIABILITÉ DES SCHEDULES
Dans ce contexte si particulier où l’aspect financier semble avoir pris le dessus, il est légitime de se demander où en est le service ? Les différentes études de sea intelligence indique une baisse de la fiabilité des schedules de près de 15 % par rapport à l’année dernière. Les plannings d’escale sont respectés dans environ 65% des cas pour les deux tiers des compagnies qui composent le TOP 15 des armements mondiaux.
Il est aujourd’hui difficile d’émettre des hypothèses pour le long terme, cependant le Chinese New Year 2021 (12/02/2021) semble être le point de repère commun aux armateurs et aux chargeurs pour une évolution favorable du marché. Ainsi, les semaines continueront sur un contexte riche en challenge.
Avec son expertise du monde du transport maritime, Bansard vous accompagne avec les dernières nouvelles du marché, une approche « multi carrier solutions » afin de répondre au mieux à vos besoins et vous proposer la solution qui conviendra le mieux à votre supply chain.
Christopher Leroy
Head of Sea Freight Procurement